Un coup de klaxon au loin me sortit de mes pensées ... de mes souvenirs cauchemardesques. Voilà pourquoi ce soir, je grelottais de froid dans cette tenue d'écolière juste pour appâter les clients les plus sordides. Ce trottoir est devenu mon territoire, plusieurs mois après ... Mes jambes ne me portaient plus. Je m'assis sur le gazon qui bordait le trottoir, ivre d'épuisement ...

Pas pour longtemps : mon biper sonna ... Je savais très bien qui c'était et ce qu'il voulait. Je me relevais péniblement ...

Mon emploi de prof me permit cependant de ne pas être une permanente comme mes consoeurs ... Je ne venais que le week-end. D'autant que je gardais toujours l'option de faire les soirées spéciales de Kassim, dans son appart ... Durant mes jours de travail comme prostituée, j'eus un succès immense : je déparais dans cette bande où j'étais la seule blanche au milieu des Noires dont je doutais que toutes aient atteint l'âge de la majorité.

Ma spécificité faisaient affluer les clients plutôt de mon côté ... D'autant que je n'étais pas physiquement abîmée comme certaines des prostituées blanches de mon âge (des filles de l'Est, je crois) qu'on voyait parfois passer ... Je pense que cela n'a pas rendu tout de suite mes relations avec les autres filles faciles. Mais le spectre de Kassim me protégeait ...