Les histoires érotiques d'une Fleur

Pour la première fois de ma vie, je me sens libre ...

Libre de vivre.

Libre sans contrainte, sans attache, sans autorité tout en restant en sécurité sous la protection de mon compagnon de voyage, ce routier beauf et vulgaire mais à l'attention bienveillante.

Ce poids-lourd qui avalait des kilomètres avec un rugissement de fauve et à la cabine exiguë me paraissait bien plus confortable que l'immense villa de mes parents dans laquelle je m'éteignais petit à petit.

Mais il me manquait quelque chose ... Je ne sais quoi mais il me manquait quelque chose. Oui, quelque chose d'indéfini qui me mettait mal à l'aise. Était-ce quelque chose lié à mon état de la nuit précédente ? Sans doute que oui ... même si je l'avais attribué à la fatigue et à la chaleur. Je secouais la tête ...

Il eut moins de distance entre nous avais-je précisé. Imperceptiblement, je cessais de me prostrer tout contre la portière passager et mes mouvements furent plus aisés, plus libres. Lors de taquineries de sa part, j'eus même le réflexe dans un grand éclat de rire de lui donner de petites tapes amicales.

Mon univers me semblait infini maintenant ... Cette bande de bitume infinie que le véhicule engloutissait inlassablement me semblait être aussi beau que le plus sublime des paysages exotiques. Les senteurs de carburant et d'huile moteur qui s'élevaient dans les aires d'autoroute où, le soir, on stationnait, fleuraient aussi bon que les romarins de provence. Et moi, entourée de tous ces routiers fatigués par la route, l'alcool et la cigarette, je me délectais des odeurs mâles qui provoquaient une sorte de démangeaison sourde permanente au fond de mes entrailles.

Et cette démangeaison était décuplée par les torrides nuits de mon compagnon de voyage passées entre les jambes de prostituées itinérantes qui, aussitôt le plaisir de mon routier assouvi, disparaissaient ...

Comme elles étaient apparues ...

Comme des fantômes ...

Assouvir d'autres besoins vitaux ...

Exciter d'autres mâles ...

Vider d'autres mâles ...

Recevoir cette honteuse rémunération ...

Délicieuse honte ...

Non ...

Parlais-je réellement de ces prostituées ?

Et cette nuit-là, je ne dormais pas ... Une fois de plus, je me tortillais allongée sur le siège avant ... Hantée par l'apaisement récent et où les jappements d'explosion avaient fait place aux halètements caractéristiques d'un mâle reprenant sa respiration. Cette prostituée espagnole nous avait laissés seuls et il était de nouveau seulement à moi. Mes yeux habitués à l'obscurité pouvaient détailler désormais tout mon univers comme si c'était en plein jour. Je pus enfin, en entendant les ronflements poindre, jeter un regard craintif sur la couchette à l'arrière par dessus le dossier du siège passager.

J'ai vu la chose ...

J'avais peu de souvenirs de mon père nu sous la douche qu'il prenait avec moi étant enfant ... Aussi, on peut dire que c'était le premier attribut d'un vrai homme que je voyais. Le souvenir des adolescents qui m'avaient déflorée n'existaient plus à ce moment là.

Si ... Comparativement ridicules ... Ils n'avaient pas fait de moi une femme ... Seul un homme en serait capable.

J'avais 16 ans et je n'avais que trop tardé à devenir une vraie femme ...
Ven 12 déc 2008 1 commentaire
fascinant, ce texte maintien une tension intense sans rien révéler. J'aimerai avoir une telle maîtrise de cette technique.
je t'embrasse tendrement, flower.
Francesca - le 13/12/2008 à 11h11
Francesca, Francesca, ma sublime rousse lectrice assidue. Tu me donnes des forces avec ton blog et tes commentaires pour ne jamais te décevoir alors mes textes s'en ressentent aussi forcément. En plus, tu trouves que j'ai de belles jambes alors ... C'est vrai ?

Bisous très tendres
Flower